Nouvelle arrivée...

Je venais de rentrer des terrains de sports. De très mauvaise humeur, pour une fois. Habituellement, les entraînements me permettaient d'évacuer, j'étais dans mon élément. Mais là, non.
Je posais mes affaires, et m'étendis sur mon lit. Chopais mon casque, lançais une playlist. Je revins mentalement sur les deux dernières heures.

C'était un groupe de jeune. Je ne les connaissais pas personnellement, juste de vue. M'enfin, je ne connaissais pas grand monde personnellement, et c'était très bien comme ça. Brefons. Je savais juste qu'ils étaient plus âgés que moi. Mais mentalité, zéro. Qu'une Arme s'entraîne seule, ça les avais choqués. Qu'une fille réplique, lames à l'appui, ça les avait choqués. J'avais dû m'évertuer à ignorer leurs piques minables pendant toute ma séance. Il fallait croire qu'ils n'avaient rien d'autre à foutre.

Aussi, j'étais d'une humeur tout à fait massacrante, même la musique ne parvenait pas à me calmer. Je jugeais mièvre une chanson que j'appréciais pourtant beaucoup. Je changeais de playlist. Mieux. Ca s'accordait bien avec mes pensées...

Je me décidais à me lever, à ranger mes affaires. Lorsque j'entendis des bruits de pas dans le couloir.

Ce n'était pas Gaby, je l'aurais reconnue tout de suite. Ni Yùka. Ou une de leurs amies. Mais c'était bien des pas de fille. Je rectifiais. De femme.

Je revenais de vacances bien méritées a Los Angeles, et autant dire que j'étais d'une humeur de dogue. La bonne humeur des vacances entre la piscine et les boutiques branchées s'était estompée, laissant sa place a l'ennui que les cours éveillaient en moi.
Seuls les cours de sport parvenaient a me faire sortir de l'attitude froide et distante que j'adoptais d'habitude. Ou plutôt, cette attitude était remplacée par l'agressivité et la combativité.
J'allais retrouver les trois filles qui partageaient ma chambre. Mes soi-disant 'amies', qui se moquaient de moi et colportaient des ragots dès que j'avais le dos tourné. Elles m'étaient juste utiles lorsqu'il fallait former des groupes en sport, ou dans n'importe quelle autre matière.
Notre 'amitié' s'arrêtait la.
D'un autre côté, comment aurais-je pu me lier avec quelqu'un alors que lorsque j'étais en maternelle j'aimais déja martyriser les autres enfants? Ce qui, maintenant que j'y pense, n'a pas vraiment changé.
Après tout, mes compagnes de chambre ont souvent des bleus, des blessures et des bosses qui sont la plupart du temps arrivés sur leur corps de manière mystérieuse.
Ben tiens. Le seul mystère, c'était la raison pour laquelle elles étaient toujours vivantes.
Ou pas. Après tout, j'ai besoin d'aide.

La fin des cours, enfin ! Je n'aurais pas pu supporter une minute de plus dans cette salle, d'habitude je m’intéressais à minimum aux cours, mais là la chaleur étouffante d'aujourd'hui ne me mettait pas dans un état à travailler correctement. J'étais donc soulagée quand le prof nous avait annoncé la fin du cours, j'avais vite rangés mes affaires et filé en direction des dortoirs. Jetant mes affaires de cours au pied de mon lit, j'avais fait un rapide ours de la chambre pour voir si l'une de mes colocs' était rentré, mais ni Erica ni Melo ne se trouvait dans la chambre. J'allais alors voir dans l'autre chambre, celle de ma partenaire Gaby et d'une bonne amie, Jill. Il fallait que je parle à une des filles, aujourd'hui, j'avais entendue dire qu'une nouvelle fille devait arriver. Yo... Ya.. Yumi il me semblait. Elle allait surement s'installer dans la chambre de Gaby et Jill vu qu'elles n'était pour l'instant que deux dans celle-ci. Je courais donc dans le couloir et voyant la porte ouverte, je ne ralentissais pas. Je criait même à Jill que je voyais pas loin de sa porte à intérieure de la chambre:

Jill, t'es au courant qu'il y a une nouvelle qui va arriver ?

C'est à ce moment là, que ne faisant pas attention, je fonçais en plein dans une personne qui sortait de l'ombre, se dirigeant dans la même direction que moi. Je ne l'avait pas vu car elle venait du couloir voisin. Et vu que je ne pensais pas connaitre cette file, cela ne pouvait être que... la nouvelle.

Ah et bien on dirait qu'elle est arrivée...

Ne voulant pas faire mauvaise impression dés la première rencontre, je n'en oubliait pas mes bonnes manières et m’excusais vite au près de la nouvelle.

Je suis désolé, je ne t'avais pas vue...

J'espérais qu'elle n'allais pas se faire une mauvaise image de moi, à peine arrivée à Shibusen...

Lorsque je voulus me lever, je pris enfin pleinement conscience de la tension dans mes muscles. Mais… Pourquoi ? Pas de faux mouvements, d’entraînement trop intensif… Je n’avais pas fait grand-chose. Je n’en avais pas eu le temps, à cause de ces cas sociaux. Ces idiots, plus grands, plus forts-enfin, plus forts… Plus baraqués, surtout. Vive les salles de sport…-, pensait que j’allais me laisser insulter, sans rien dire. J’aurais dû. Mais pas par peur, comme ils l’auraient pensé. Juste parce qu’ils ne valaient pas la peine que je me détourne de mon objectif. Alors pourquoi ?
Pourquoi je n’avais pas pu les ignorer ? J’aurais dû… Tout contact n’amène jamais rien de bon. C’était vérifié. Quiconque m’approchait en pensant pouvoir me faire mal s’en mordait les doigts. Je m’étais endurcie, avec le temps. Face aux mots comme aux coups. Coups, que j’avais fini par rendre. Je m’étais isolée. Même quand je n’étais pas seule, je restais solitaire. C’était ma vie, point.
…
Alors, en quoi cela pouvait-il, nom d’un curé en pagne, les regarder ? Et, pire, pourquoi avais-je répliqué ? Ils ne méritaient même pas ça de moi… Je ne les comprenais pas. Et je ne me comprenais même pas. Je ne savais plus où j’en étais. Mais je savais qu’y réfléchir ne servirait pas à grand-chose. Je restais allongée là, sur le lit. Bizarrement, j’avais l’impression que le morceau qui était en train de tourner collait parfaitement à ce que je ressentais… Au fur et à mesure… Tout identique… Ça m’en aurait presque fait peur. Mais la peur… Avais-je seulement ressenti ça ces derniers temps ? Depuis… Depuis… Je ne savais plus. Je ne savais pas. Et je ne voulais pas savoir.
J’avais eu l’impression de passer des heures ainsi. Même si ça n’aurait duré que quelques secondes. Moi, un cerveau rapide ? Bah, pour une fois que je le faisais tourner… Ce qui ne risquait pas vraiment de m’arriver en cours. Surtout pas en cours. Enfin, si, il sevrait, mais pas à des raisonnements logiques. Ou alors à des raisonnements logiques, mais en maths. Avec le tout petit niveau de la classe. On se demandait pourquoi je rêvassais en cours ? Je m’ennuyais, tout simplement.
J’avais les yeux fermés, j’essayais de détendre mes muscles un à un. Je sentis ma colonne se débloquer un peu, mon dos se cambrer moins. Les hurlements et les grondements de basses qui avaient accompagné ma ‘’réflexion’’ se calmèrent, et les dernières notes se glissèrent doucement dans la mélodie.
Les dernières notes se brisèrent, fragiles, alors que des cris puis un bruit de deux corps se percutant résonnèrent dans le couloir. Je rouvris les yeux. J’étais presque sûre d’avoir reconnu la voix d’Yùka. Presque, parce que la musique et les chocs dans le couloir l’avait amoindrie.
Je me décidais enfin à me lever, moi qui ne restais jamais bien longtemps assise, si ce n’était dans un but quelconque. En passant le pas de la porte, mon regard fut immédiatement attiré par une sorte de… D’amas de bras, de jambes, de valises, dont pointaient deux têtes. Celle d’Yùka, et celle d’une autre fille. Presque adulte, je lui donnais 17 ans, car ses traits restaient fins, sous son air furieux. On aurait dit qu’elle était prête à tout casser. Mais c’était… Etrange, son expression était changeante. Je crus voir passer une ombre de… Quelque chose, mais pas un sentiment antipathique, sur son visage. Mais ça devait être un effet de lumière, elle avait surtout l’air de vouloir frapper Yùka. Qu’elle essaie, seulement… J’étais là, je n’allais pas laisser la petite blonde se faire frapper. Pas juste sous mes yeux. Oui, il se trouve que j’ai parfois des idées de justice qui traînent. Mais rassurez-vous c’est très passager.
Pour l’instant, j’étais surtout mal. Et je ne savais pas pourquoi, mais là tout de suite maintenant, j’éprouvais le besoin profond de faire chier cette nana. Mais j’allais devoir me retenir. Je ne comptais pas engager un combat. Tout du moins, pas ici, pas maintenant. Là, il fallait surtout tirer Yùka du pétrin dans lequel elle venait de se fourrer.
Je me dirigeais donc vers elles, puis commençait par dégager les valises, les posant à côté d’elles, adossées au mur du couloir. Puis j’aidais Yù à se relever, et enfin la nouvelle. Enfin, je la supposais nouvelle, parce que je ne reconnaissais pas son visage. Et vu les valises, elle allait s’installer ici. Je fis l’association lit-vide-en-bordel-qui-sert-à-Gaby-pour-ranger-sa-gratte+nouvelle=gros-ennuis-en-prévision. Voire lancer d’objets contondants dans les prochains jours.
Tu devrais éviter de rentrer en collision comme ça, c’est pas la meilleure manière de faire connaissance… lui lançais-je, un petit sourire –oui, bon, plutôt faiblard, le sourire, mais je n’arrivais pas à faire mieux, et c’était déjà beaucoup de ma part- jouant sur mes lèvres.

(Je m'excuse encore pour mon (long) retard! )

Je marcha encore un peu le long de plusieurs couloirs, que je connaissais bien évidemment comme ma poche. Pendant les années que j'avais passées à Shibusen, j'avais largement eu le temps d'explorer tous les bâtiments de fond-en-comble. Les parties autorisées, comme les couloirs que j'arpentais en ce moment, et... surtout les zones interdites.
Comme les parties réservées aux profs. Et les cuisines, aussi. Quand j'avais une petite faim au milieu de la nuit, il m'arrivait de me rendre à pas furtifs jusqu'à la réserve de nourriture et de me cuisiner quelque chose. Oui oui, me cuisiner quelque chose! En général, je passais d'abord par la bibliothèque, dont je connaissais presque chaque livre par coeur pour trouver une chouette recette.
Je ne crois pas que les cuisiniers aient jamais compris pourquoi de petites parties des réserves disparaissaient de temps en temps.
Quant à la bibliothèque, si je la connais si bien, c'est parce que pendant mon temps libre, quand les autres passaient du temps dehors entre eux, moi, je m'entraînais ou bien j'allais lire un livre. C'est important de se cultiver.
Grâce a ça, j'ai appris beaucoup de chose sur la botanique, notamment les plantes médicinales et encore plus important (du moins pour moi) les poisons et (moins important) les contre-poisons. Je connais également des techniques d'espionnage: comment marcher sans faire de bruit, les techniques de camouflage, craquer des codes...
Ainsi que d'innombrables autres choses, dont la cuisine, la couture, les techniques de survie... (important tout ça, pour si je devais un jour fuir les autorités et m'exiler sur une petite île déserte).
Je marchais donc, plongée dans mes pensées et ne vit pas une jeune fille blonde d'une quinzaine d'années qui surgissait en face de moi.
Trop tard, elle me fonça dedans avec une violence à couper le souffle.
Ecrasée sous son poids cumulé à celui de mes lourdes valises, je tenta de la repousser.
Elle finit quand même par se relever.

Ah et bien on dirait qu'elle est arrivée...

Ah, apparemment elle parlaient de moi.

Ah tiens, vous saviez que j'allais arriver?

Enfin je suppose que quand, contrairement à moi, on parle avec des gens, y compris avec la direction, on sait ce genre de choses.
Moi, j'évite toujours les contacts avec les autres êtres vivants dotés d'une conscience, a part les chats, auxquels je sais m'identifier.
Même quand il fallait aller voir la direction, je laissais les autres filles de mon dortoir y aller. En fait, ce que les autres font, je m'en fiche complètement. Y compris quand ça me concerne.

Enfin bref, revenons à nos moutons.

La blonde a vite bredouillé des excuses:

Je suis désolé, je ne t'avais pas vue...

T'inquiète pas, je m'en fiche. Ca n'a pas d'importance.

Le visage parfaitement impassible, je me releva et pris mes valises.

Une autre jeune fille qui devait avoir plus ou moins le même âge que celle qui m'avait foncé dedans était sortie dans le couloir.

Tu devrais éviter de rentrer en collision comme ça, c’est pas la meilleure manière de faire connaissance…

Elle me dit ça avec un petit sourire faiblard auquel je répondit par une petite grimace acide.

D'accord, je retiendrai ton conseil...

Je courais dans le couloir pour aller voir Jill et la prévenir pour la nouvelle, mais manifestement, c'était la nouvelle qui m'avait devancée. Et on peux dire que j'avais même déjà fait... euh... comment dire ? Connaissance ? Avec elle. Et pas forcément de manière douce ! Il faut croire que sois c'est de manière douce et sympathique, sois très violente avec moi. Un extrême ou l'autre. Dans mes amis proche, j'avais rencontrés la plupart de façon simple, mais pour Keiko ça avait était différent car j'avais faillit la couleur. Elle était plus précisément entrée en trombe das la piscine et je m'étais défendue. De la simple défense je vous promet ! On ne me connait de toute façon pas agressive !

Mais revenons-en à cette nouvelle là. Je lui avait foncé dedans, en plein milieu du couloir pas très sympa... Et forcément, pour continuer tout en délicatesse comme je savais si bien le faire, je lui ai sortit une autre phrase conne pour bien me faire remarquer. Mais cela n’eus pas l'air de la choquer ni de la mettre en colère, heureusement. Elle parut plutôt curieuse de savoir d'où je tenais mes information sur sa venue.

Ah tiens, vous saviez que j'allais arriver?

Oui, je le savais mais comment lui expliquer que je tenais ça des ragots qui circulaient dans l'academy, dans les couloirs, entre les cours et même parfois pendant ceux-ci. J'avais tout simplement entendu parler d'une prétendue "nouvelle" qui risquait de peut-être s'installer dans la chambre de Gaby et Jill. Et je voulais juste prévenir cette dernière ou pour mieux dire, a mettre au courant, rien de plus. Je méditais encore à ma réponse quand elle répondit à mes excuses d'un air que je n'aurait pas sue identifier.

T'inquiète pas, je m'en fiche. Ca n'a pas d'importance.

Je sentais que son ton étais un peu sec mais sans vraiment d'expression. Moi à toujours prendre tout dans le positif, je ne lui répondais pas et lui adressais juste un sourire. Me disant que ça n'avait donc pas mal entamé notre relation. Même si je doutais qu'elle sois tout de même bien entamée pour autant... Maintenant je ne savais plus trop quoi dire, heureusement, Jill arriva à mon secours et m'aida à me relever. Je la remerciais d'un clin d’œil et elle allait ensuite aider la nouvelle avant de lui dire avec un ton plein d'humour que j'aimais bien.

Tu devrais éviter de rentrer en collision comme ça, c’est pas la meilleure manière de faire connaissance…

Je rigolais un peu, histoire de étendre l'atmosphère mais il n'en fut pas de même pour la personne à qui étaient adressées les paroles. Elle, répondit d'une grimace, assez moche je trouve et pas du tout sympathique.

D'accord, je retiendrai ton conseil...

J'engageais donc vite la suite de la conversation, avant que celle-ci ne se finisse tout simplement et sèchement et surtout pour ne pas que nous nous séparions sur de mauvaises bases.

Et... tu vas t'installer dans quelle chambre ?